Un drame a secoué la bande de Gaza : les correspondants d’Al Jazeera, Anas Al-Sharif et Mohamed Qreiqa, ont été tués lors d’un bombardement israélien ciblant une tente de journalistes à proximité du complexe médical Al-Chifa. L’attaque a également coûté la vie aux cameramen Ibrahim Zaher et Moemen Aliawa, ainsi qu’au chauffeur de l’équipe, Mohamed Noufel. Un autre journaliste a été grièvement blessé.
Dans un communiqué, la chaîne a dénoncé une frappe survenue dans un contexte d’intensification des raids israéliens sur la ville, précisant qu’Anas Al-Sharif documentait la dégradation dramatique de la situation humanitaire.
Le porte-parole de la défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, a affirmé que les journalistes avaient été délibérément visés, entraînant la mort de deux d’entre eux et blessant plusieurs autres. L’agence de presse palestinienne Wafa a rapporté que le correspondant de la chaîne Al-Kofiya, Mohamed Sobeh, figurait parmi les blessés. Ces chiffres illustrent l’ampleur des pertes subies par les professionnels de l’information couvrant le conflit.
Quelques heures avant le drame, Anas Al-Sharif avait publié sur son compte X (anciennement Twitter) un avertissement sur l’escalade des bombardements, décrivant des frappes « intenses et ciblées » et évoquant l’usage de « ceintures de feu » dans les zones est et sud de Gaza. Ce témoignage s’inscrivait dans un contexte de risques extrêmes pour les journalistes opérant sur le terrain.
L’armée israélienne a revendiqué sur X l’assassinat d’Anas Al-Sharif, l’accusant d’appartenir au Hamas – une allégation qui a suscité de vives controverses. Depuis le début de la guerre, le reporter faisait l’objet d’une campagne de dénigrement orchestrée par le porte-parole de l’armée israélienne, ce qui avait déjà alarmé plusieurs organisations internationales quant à sa sécurité.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait averti que cette campagne pouvait servir de prélude à une élimination ciblée, rappelant qu’Al-Sharif avait déjà survécu à plusieurs attaques et que sa famille avait également payé un lourd tribut à la guerre, son père ayant été tué lors d’un bombardement antérieur. Malgré ces menaces, il avait réaffirmé sa détermination à exercer son métier jusqu’au bout, déclarant : « Je ne cesserai jamais de dire la vérité, même si cela doit me coûter la vie. »