L’arrestation du journaliste marocain Mohamed Bakkali par l’armée israélienne, dans la soirée du samedi 26 juillet, suscite une vague d’indignation et de vives sollicitations pour une intervention urgente du gouvernement marocain. Correspondant de la chaîne Al Jazeera, Bakkali faisait partie de l’équipage du navire Handala, affrété par le mouvement propalestinien « Flottille pour la liberté », qui tentait d’acheminer de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza.
Avant son interpellation, le journaliste avait diffusé un message vidéo appelant les autorités marocaines à intervenir sans délai pour garantir sa sécurité et obtenir sa libération. Le bateau a été arraisonné par la marine israélienne au large des côtes gazaouies, avant d’être escorté jusqu’au port d’Ashdod, en Israël, où l’ensemble des passagers a été appréhendé, parmi lesquels plusieurs journalistes et des parlementaires, notamment de La France Insoumise.
Une opération humanitaire sous haute tension
Selon l’ONG israélienne Adalah, le Handala est resté douze heures en mer avant d’être intercepté. L’organisation, spécialisée dans la défense juridique, dénonce l’interdiction d’accès à ses services, empêchée d’entrer en contact avec les détenus pour leur apporter une assistance légale.
Le navire, qui avait appareillé depuis le port de Syracuse en Italie, comptait à son bord plus d’une vingtaine de journalistes, militants et élus internationaux, engagés dans une mission humanitaire à haut risque visant à briser le blocus maritime imposé à Gaza. Des précédents, comme celui du Madleen intercepté le 9 juin, montrent que cette initiative se heurte systématiquement à l’intervention militaire israélienne. À bord de ce précédent bateau se trouvait notamment l’activiste suédoise Greta Thunberg.
Mobilisation au Maroc
Dès l’annonce de l’arrestation, les réactions se sont multipliées. Reporters sans frontières (RSF) a immédiatement appelé à la protection du journaliste marocain, tout en rappelant le caractère périlleux de sa mission, conduite aux côtés du caméraman américain Waad Mohamed Salim Al Taii.
Au Maroc, la députée de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), Fatima Tamni, a interpellé le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita dans une lettre officielle adressée également au président de la Chambre des représentants. Elle y exprime sa « vive inquiétude » face au silence des autorités marocaines et exhorte le gouvernement à entreprendre « des démarches diplomatiques concrètes » pour assurer la sécurité physique et morale de Mohamed Bakkali, et obtenir sa libération immédiate, à l’instar d’autres États ayant déjà agi pour leurs ressortissants arrêtés.
Fatima Tamni rappelle en outre que la mission humanitaire avait été précédée de menaces israéliennes et de tentatives de sabotage, documentées par plusieurs participants et médias internationaux. Elle qualifie l’arrestation de « violation grave des droits fondamentaux d’un citoyen marocain », soulignant qu’il exerçait une mission à la fois professionnelle et humanitaire.
L’option de la grève de la faim
Peu avant leur arrestation, les membres de l’équipage du Handala avaient annoncé sur les réseaux sociaux qu’ils entameraient une grève de la faim si le navire venait à être intercepté. Une vidéo diffusée en direct montrait des soldats israéliens en train de monter à bord du bateau, qui, selon des outils de suivi maritime, naviguait alors dans les eaux internationales à l’ouest de Gaza.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé dimanche que le Handala avait été stoppé pour empêcher toute entrée dans les eaux de Gaza, et a assuré que « tous les passagers sont sains et saufs ».
Une pression croissante sur Rabat
Dans sa ville natale de Ouazzane, la famille de Mohamed Bakkali a également lancé un appel aux autorités marocaines. La mobilisation autour de son cas ne cesse de s’amplifier, au Maroc comme à l’étranger. À mesure que les jours passent, l’absence de réaction officielle de Rabat suscite l’inquiétude et renforce la pression sur la diplomatie marocaine pour qu’elle intervienne rapidement en faveur de l’un de ses citoyens détenus dans un contexte particulièrement sensible.