Quelque 13.142 plaintes, doléances, demandes de régularisation et initiatives spontanées ont été adressées à l’Institution du Médiateur du Royaume durant les années 2022 et 2023, a indiqué son président, Hassan Tariq, mercredi à Rabat, lors d’une réunion d’étude organisée par la Commission de la justice, de la législation, des droits de l’Homme et des libertés à la Chambre des représentants.
Selon les chiffres communiqués, 5.916 réclamations ont été enregistrées en 2022, contre 7.226 en 2023, soit une hausse de 22,14 %. Parallèlement, les dépôts via le portail « Espace citoyen » ont bondi de 1.258 en 2022 à 2.239 en 2023, marquant une progression de 77,98 %.
Malgré cette augmentation significative, 9.267 dossiers ont été traités par l’institution sur la période. Plus précisément, 4.116 décisions ont été rendues en 2022, et 5.151 en 2023, représentant un taux de traitement de 95,85 %. En outre, 4.513 doléances ont été classées (dont 1.956 en 2022 et 2.557 en 2023), tandis que d’autres ont été déclarées irrecevables pour vices de forme ou incompétence, conformément à l’article 12 de la loi n° 14.16.
Concernant la nature des doléances, M. Tariq a précisé que 4.141 cas relevant du champ de compétence de l’institution ont été reçus en 2022, contre 5.374 en 2023, soit une augmentation de 29,78 %. Ces réclamations émanent aussi bien de citoyens marocains résidant au Maroc ou à l’étranger, que de ressortissants étrangers.
Le Médiateur a par ailleurs souligné une hausse de 118,02 % du taux d’interaction des administrations avec les recommandations de l’institution en 2023, par rapport à 2022. Il a salué la coopération croissante avec le Département du chef du gouvernement, qui a examiné plusieurs propositions formulées par l’institution.
En 2022, sept propositions ont été transmises à la primature, notamment sur la situation des étudiants marocains en Ukraine ou encore sur la simplification du renouvellement du permis de conduire pour les MRE. En 2023, sept autres recommandations ont été soumises, portant entre autres sur les résultats de l’examen d’aptitude à la profession d’avocat (session de décembre 2022) ainsi que sur le programme d’aide directe au logement.
Pour M. Tariq, ces chiffres traduisent une confiance croissante des citoyens envers l’Institution du Médiateur et une prise de conscience accrue de son rôle en tant qu’instance d’équité, en dehors du circuit judiciaire. Toutefois, il a relevé la persistance de dysfonctionnements au sein de l’administration publique, notamment en matière de réactivité et de performance.
Il a appelé à un traitement résolu des recommandations en suspens, parfois accumulées depuis plusieurs années, et exhorté le Parlement à interpeller les secteurs gouvernementaux concernés, afin d’instaurer une culture de reddition des comptes et de valorisation du rôle de la médiation institutionnelle.
Concernant la vision stratégique 2025–2027 de l’Institution, Hassan Tariq a souligné qu’elle repose sur une approche intégrée alliant protection des droits, évaluation des services publics, modernisation institutionnelle et ouverture participative.
À l’issue de cette présentation, les députés ont unanimement salué le travail accompli par l’Institution du Médiateur, tout en soulignant la nécessité de renforcer l’accès des citoyens à ses services, notamment via les plateformes numériques. Ils ont également affirmé que cette institution doit constituer un levier central dans la réforme de l’administration publique, en consolidant la confiance des citoyens à travers ses missions de médiation entre l’administration et les usagers.