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Marrakech : Cinq ans de prison pour un propriétaire Airbnb qui espionnait ses locataires

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Le tribunal de première instance de Marrakech a tranché, ce lundi 14 juillet : un homme, détenteur de la double nationalité marocaine et française, a été condamné à cinq ans de prison ferme et 500.000 dirhams d’amende. Propriétaire d’une villa de luxe mise en location sur Airbnb, il espionnait ses locataires à leur insu, transformant ce lieu présenté comme un havre de paix en véritable piège à touristes.

C’est une vacancière américaine qui a mis au jour le stratagème. Venue passer un séjour ensoleillé au Maroc avec son compagnon et des amis, elle s’est alarmée de l’apparition soudaine d’un cadre photo orienté vers la douche. En l’examinant, le couple découvre une caméra dissimulée et une carte SD à l’intérieur. En fouillant davantage, ils constatent que d’autres cadres similaires étaient placés dans les salles de bain, transformant les espaces les plus intimes de la villa en zones de surveillance clandestine.

Derrière l’image d’un service haut de gamme se cachait un dispositif de contrôle minutieux : une femme de ménage présente chaque jour de 9h à 17h, un agent de sécurité logeant dans la cave, et une obligation de contacter le propriétaire pour accéder aux lieux. Ce que les locataires prenaient pour une attention particulière relevait en réalité d’une surveillance permanente.

Les investigations ont révélé que le propriétaire ne se contentait pas de filmer ses hôtes. Il a également été reconnu coupable de trafic de boissons alcoolisées, et d’avoir mis sa villa à disposition pour la prostitution et la débauche. Un ensemble de délits qui dévoile une exploitation sordide derrière les murs d’une villa de luxe.

Sept victimes, dont six étrangers et une ressortissante marocaine, se sont constituées parties civiles. Le témoignage de la vacancière américaine, publié sur TikTok et visionné plusieurs centaines de milliers de fois, a donné une résonance internationale à l’affaire. Elle y raconte, images à l’appui, son « séjour cauchemardesque » dans ce qui devait être un coin de paradis.

Face à la gravité des faits, la justice marocaine a frappé fort : la villa a été placée sous scellés, sa fermeture définitive ordonnée, et tout le matériel saisi – enregistrements et stocks d’alcool – a été détruit. Le parquet a interjeté appel, estimant que les faits relèvent d’une extrême gravité, ce qui pourrait aboutir à un alourdissement de la peine.

Cette affaire met en lumière les dérives possibles dans un secteur touristique en plein essor. Les autorités locales rappellent que toute atteinte à la vie privée est lourdement sanctionnée par la loi, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’infractions graves.

Airbnb, de son côté, garde le silence. La plateforme, fondée sur la confiance entre hôtes et voyageurs, est confrontée à un cas emblématique révélant les limites de son système de contrôle. Ce scandale sonne comme un signal d’alarme pour l’ensemble du secteur de la location touristique : derrière les annonces attrayantes peuvent se dissimuler des pratiques inacceptables.

Pour les voyageurs, c’est un rappel brutal : la prudence reste de mise, même dans les lieux les plus luxueux. Pour les professionnels, c’est une occasion de repenser en profondeur les mécanismes de vérification et de sécurité.

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