Réunis en sommet à Rio de Janeiro, les dirigeants du groupe des BRICS ont vivement critiqué les nouvelles mesures tarifaires annoncées par l’ancien président américain Donald Trump, tout en condamnant les frappes militaires récentes contre l’Iran.
Dans une déclaration commune adoptée au premier jour de leurs travaux, les chefs d’État et de gouvernement des onze pays membres — parmi lesquels le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud — ont exprimé leur “profonde inquiétude face à la multiplication des mesures douanières et non douanières faussant les échanges commerciaux”.
Le sommet, placé sous haute sécurité et tenu dans la baie de Guanabara, intervient dans un contexte tendu, alors que Trump menace d’étendre ses droits de douane.
Les BRICS ont jugé ces taxes illégales et arbitraires, dénonçant leur impact négatif sur le commerce mondial, la stabilité des chaînes d’approvisionnement, et la confiance dans les relations économiques internationales.
Dans un message publié dimanche soir sur sa plateforme “Truth Social”, Trump a répliqué sans détour : “Tout pays qui s’aligne sur les politiques hostiles à l’Amérique promues par les BRICS sera soumis à une taxe douanière supplémentaire de 10 %. Aucune exception ne sera accordée.”
Il a également indiqué qu’à partir du lundi 7 juillet, les premières lettres officielles seraient envoyées à plusieurs capitales dans le monde, enjoignant les pays à conclure un accord commercial bilatéral ou à faire face à des sanctions tarifaires élevées.
Pour mémoire, en avril dernier, Trump avait déjà secoué la planète économique en annonçant une hausse massive des droits de douane — de 10 % à 50 % — sur les importations issues des pays exportant plus qu’ils n’importent des États-Unis.
Toutefois, il avait suspendu l’application de ces mesures jusqu’au 9 juillet, ouvrant la porte à des négociations individuelles.
Luiz Inácio Lula da Silva, président du Brésil et hôte du sommet, a ouvert les travaux par un discours alarmant sur l’état du multilatéralisme : “Nous assistons à un effondrement sans précédent de la coopération internationale”, a-t-il déclaré.
Pour la première fois en 12 ans, le président chinois est absent d’une réunion des BRICS — un signal fort compte tenu du rôle central de Pékin au sein du groupe. Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, a également brillé par son absence physique. Il s’est exprimé par visioconférence, estimant que : “Le monde unipolaire touche à sa fin. Les BRICS sont désormais l’un des piliers majeurs de la gouvernance mondiale.”
Le conflit au Moyen-Orient a également occupé une place centrale dans les discussions.
Le président Lula a dénoncé “le génocide en cours à Gaza”, fustigeant les massacres de civils innocents et l’usage de la faim comme arme de guerre.
Dans leur déclaration finale, les BRICS ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, durable et inconditionnel, à un retrait total des troupes israéliennes de Gaza et des autres territoires palestiniens occupés, et ont réaffirmé leur attachement à une solution à deux États.
En marge du sommet, un diplomate iranien a confié que Téhéran avait exprimé des réserves sur certaines formulations du communiqué, tout en s’abstenant de s’y opposer formellement.
Les BRICS ont également condamné implicitement les frappes israéliennes et américaines contre des infrastructures iraniennes, qualifiant ces actions de violations du droit international — sans nommer explicitement Israël ou les États-Unis. Une tonalité plus ferme que celle de la déclaration du 24 juin, qui s’était limitée à exprimer une “profonde préoccupation”.
Le sommet a aussi appelé à l’instauration de règles internationales encadrant l’intelligence artificielle, soulignant que les technologies avancées ne doivent pas rester l’apanage des pays riches.
Malgré la domination américaine dans le secteur de l’IA, la Chine et d’autres pays émergents disposent aujourd’hui d’une expertise concurrentielle, ce qui renforce l’appel des BRICS à un partage équitable de la gouvernance technologique.
En outre, alors que le Brésil s’apprête à accueillir la COP 30 en novembre prochain, les dirigeants ont réaffirmé leur volonté d’aboutir à un consensus fort sur le climat, insistant sur l’urgence de solutions justes et inclusives pour répondre aux défis environnementaux.