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Commémoration de l’Intifada du 20 Juin 1981 : Hommage aux « Martyrs du pain (koumira) »

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En ce jour du 20 juin, le Maroc se souvient d’une page sombre et marquante de son histoire sociale : l’Intifada du 20 juin 1981, également connue sous le nom de « révolte de la Komira ». Quarante-quatre ans après les événements, la mémoire des victimes demeure vivace, portée par les familles, les défenseurs des droits humains, les anciens militants syndicaux et les historiens.

L’Intifada de 1981 est née dans un contexte de grande tension sociale et économique. Le Maroc faisait face à une crise financière sévère. Le gouvernement, sous la pression des institutions financières internationales, notamment le FMI, avait adopté une série de réformes drastiques dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel. Ces mesures incluaient une hausse brutale des prix des produits de base, dont la farine, le sucre, le lait, l’huile… et surtout le pain.

Cette hausse a provoqué un profond mécontentement populaire, particulièrement à Casablanca, capitale économique du pays, où les inégalités sociales étaient criantes. Le 20 juin 1981, des milliers de citoyens – étudiants, ouvriers, chômeurs, femmes – sont descendus dans la rue pour dénoncer la cherté de la vie et l’injustice sociale.

La réponse des autorités a été implacable. Ce qui avait commencé comme une manifestation pacifique s’est rapidement transformé en un soulèvement populaire réprimé dans le sang. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants. Le bilan officiel faisait état d’une soixantaine de morts, mais les organisations des droits de l’Homme et des témoignages concordants évoquent un nombre de victimes bien plus élevé, certains avancent plusieurs centaines de morts. Beaucoup furent enterrés dans des fosses communes, sans identification ni cérémonie.

Cette journée est désormais symbolique de la lutte populaire contre l’injustice sociale. Elle a marqué un tournant dans la relation entre l’État et la société, et a laissé une empreinte durable dans la mémoire collective marocaine. Elle a aussi renforcé la prise de conscience au sein des forces progressistes, syndicales et politiques de gauche.

Le terme « martyrs de la Komira » est devenu un symbole de la dignité bafouée et de la revendication d’un Maroc plus équitable. Bien qu’aucune reconnaissance officielle complète ni enquête indépendante n’ait été menée sur les circonstances exactes de cette tragédie, les appels pour la vérité, la justice et la mémoire continuent de se faire entendre.

Chaque année, des associations de défense des droits humains, des syndicats, des militants politiques et des citoyens engagés organisent des veillées, des conférences et des hommages pour honorer la mémoire des victimes. Pour nombre de Marocains, cette date est un rappel douloureux, mais nécessaire, des sacrifices consentis pour la justice sociale et la liberté d’expression.

Aujourd’hui encore, dans un contexte de défis économiques et de réformes, l’héritage de l’Intifada du 20 juin interpelle : sur la nécessité de politiques publiques inclusives, sur l’écoute des revendications populaires, et sur le respect des droits fondamentaux.

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