Le groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) a annoncé, ce lundi 19 mai, le retrait de sa proposition de loi visant à interdire aux binationaux d’accéder à des postes ministériels. Cette décision intervient quelques instants avant l’intervention du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, devant les députés, dans le cadre de la séance mensuelle consacrée à la politique générale, axée cette fois sur le secteur de l’éducation.
Déposée en avril 2023, la proposition visait à amender la loi organique n°065-13 relative à l’organisation du gouvernement et au statut de ses membres, texte adopté durant le mandat de l’ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. L’amendement suggérait d’exiger la nationalité marocaine exclusive pour tout membre du gouvernement.
Présentée devant la Commission de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme à la Chambre des représentants le 2 mai dernier, la proposition a été défendue par le député PJD Abdessamad Haiker. « Les Marocains méritent un gouvernement exclusivement composé de citoyens marocains. Ceux qui possèdent une double nationalité ne devraient pas pouvoir occuper de postes ministériels », avait-il déclaré.
Mais la proposition a rapidement provoqué un tollé, notamment au sein de la diaspora. Omar El Mourabet, ancien membre du Conseil national du PJD résidant en France, a dénoncé une « grave erreur politique » et une atteinte aux Marocains du monde. « Sous des prétextes fallacieux, le PJD s’en prend à des Marocains simplement parce qu’ils possèdent une autre nationalité », a-t-il déploré sur les réseaux sociaux.
Alors que le pays se prépare aux élections législatives de 2026, ce retrait sonne comme un désaveu politique pour le PJD, confronté à des critiques internes et externes sur une initiative jugée discriminatoire, à contre-courant des efforts visant à renforcer les liens entre le Maroc et sa diaspora.