Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azeddine El Midaoui, a révélé des données choquantes concernant l’état des universités marocaines. Parmi les principaux problèmes identifiés figurent la faible productivité pédagogique, la surpopulation estudiantine, l’absence d’un système d’information intégré, des structures organisationnelles obsolètes, ainsi que des universités ne consacrant pas les budgets qui leur sont alloués.
Ces déclarations ont été faites lors d’une réunion de la commission de l’Enseignement, de la Culture et de la Communication de la Chambre des représentants, où le ministre a souligné que le secteur de l’enseignement supérieur nécessite une prise de conscience réaliste et un engagement à reconnaître les contraintes pour les surmonter.
El Midaoui a expliqué que le Maroc possède des universités vastes et géographiquement dispersées, regroupant plus de 160 000 étudiants, soit un ratio national de 95 000 étudiants par université. Cette situation engendre un engorgement sévère et une gestion administrative et pédagogique défaillante, avec un enseignant pour 250 étudiants et un employé pour 300 étudiants, tandis que la norme internationale se situe entre 10 et 15 étudiants par enseignant.
Il a également mentionné que les structures organisationnelles des universités sont obsolètes et que les conseils représentatifs manquent d’efficacité. Par exemple, les réunions des conseils administratifs peuvent durer jusqu’à 24 heures pour prendre des décisions qui ne nécessitent pas plus de deux heures. Il a donc appelé à une révision de la gouvernance universitaire et à une justice spatiale, soulignant que certaines régions restent dépourvues d’universités.
Le ministre a critiqué l’arrêt des contrats de performance, mis en place entre 2009 et 2012, et l’absence de mécanismes d’évaluation continue, considérant cela comme un obstacle à l’affirmation de l’indépendance universitaire.
En ce qui concerne l’infrastructure informatique, El Midaoui a exprimé sa déception quant à l’absence d’un système d’information global au sein des universités, ce qui entraîne des incohérences dans les chiffres des étudiants et complique la prise de décision. Selon lui, ce manque est inacceptable pour un ministère qui porte le nom de l’innovation.
Malgré les ressources financières limitées allouées aux universités marocaines par rapport à leurs homologues internationales, le ministre a souligné que le problème ne réside pas seulement dans le financement, mais aussi dans l’incapacité à dépenser les crédits alloués. Il a cité l’exemple d’une université qui n’a pas reçu de soutien, car elle n’avait pas utilisé son budget précédent en raison de problèmes organisationnels et structurels.
El Midaoui a révélé que certaines universités étaient endettées auprès de l’État à hauteur de 40 milliards de dirhams, précisant qu’il était futile de discuter d’un manque de budget alors que les fonds ne sont pas utilisés. Il a salué la signature de tous les budgets universitaires pour cette année au cours des mois de mars et avril, une première grâce au suivi quotidien effectué par le ministère.
Sur le plan pédagogique, il a reconnu la faible productivité interne et externe, citant le taux de 40 % d’absentéisme lors des examens du premier semestre. Il a précisé que certains étudiants s’inscrivent à l’université uniquement pour bénéficier de la bourse avant de se tourner vers la formation professionnelle, une situation qu’il est impossible de maîtriser sans un système d’information efficace.
Concernant la formation et son adéquation avec le marché de l’emploi, le ministre a précisé que les universités n’avaient pas été sollicitées pour former des profils spécifiques. Il a rappelé que les deux premières années dans les universités du monde entier sont générales avant la spécialisation, ce qui doit être pris en compte lors de l’évaluation du lien entre formation et emploi.