Site indépendant d'actualités

1er mai : les syndicats entre mobilisation symbolique et désillusion sociale

0

En cette veille du 1er mai, les syndicats s’apprêtent à battre le pavé, mais l’élan n’est plus le même. Le traditionnel rendez-vous du monde du travail s’annonce cette année marqué par une certaine lassitude, tant les résultats du dialogue social peinent à convaincre. Malgré une relance officielle du processus il y a quelques jours, la fracture entre le gouvernement et les centrales syndicales demeure palpable.

Lors de la dernière réunion tenue le 22 avril, les principales centrales (UMT, UGTM, CDT) ont été conviées autour de la table avec les représentants du patronat. Objectif affiché : dresser le bilan des accords signés en 2022 et 2024. Le gouvernement a mis en avant les avancées prévues, comme la hausse des salaires dans la fonction publique (500 dirhams nets à partir de juillet), la revalorisation des rémunérations dans les secteurs de la santé, de l’enseignement et de l’enseignement supérieur, ou encore la réforme de l’impôt sur le revenu.

Mais du côté syndical, le scepticisme domine. Les représentants des travailleurs dénoncent le manque de mesures concrètes face à une réalité sociale de plus en plus dure. La flambée des prix continue d’éroder le pouvoir d’achat, et les promesses d’amélioration semblent déconnectées du quotidien des salariés. À cela s’ajoute un affaiblissement progressif du lien entre les syndicats et leur base. Les mobilisations s’essoufflent, les jeunes générations se tiennent à l’écart, et l’économie informelle reste en dehors des circuits de négociation.

Dans les rangs syndicaux, plusieurs griefs persistent. L’Union marocaine du travail (UMT) réclame une augmentation généralisée des salaires, y compris dans le secteur privé, une revalorisation des retraites, ainsi qu’une hausse des allocations familiales à 500 dirhams par enfant. La Fédération démocratique du travail (FDT), très présente dans le secteur public, fustige le retard dans l’application des engagements liés à la santé : primes non versées, inégalités de traitement entre établissements, et absence de statut clair pour certaines catégories.

Autre dossier sensible : la réforme des retraites. Les syndicats rejettent en bloc toute réforme qui viserait à relever l’âge de départ ou à augmenter les cotisations sans contrepartie. Ils appellent à une refonte juste et solidaire du système, impliquant l’État, le patronat et les représentants des travailleurs.

Enfin, la récente loi sur le droit de grève suscite également des inquiétudes. Si les syndicats ne s’opposent pas à un encadrement de cette liberté, ils refusent toute atteinte à son essence. Ils exigent en parallèle une loi garantissant les droits syndicaux, une meilleure protection des représentants et la suppression des articles pénalisant les mouvements sociaux.

Malgré leur présence autour de la table des négociations, les centrales syndicales peinent à cacher leur désillusion. Pour elles, le dialogue social ne peut se résumer à des réunions sans impact. Certaines plaident même pour une loi-cadre, afin de fixer un cadre clair, des délais précis et des mécanismes de suivi efficaces.

Face à une base de plus en plus désengagée, ce 1er mai revêt une portée particulière. Il ne sera ni un moment de fête, ni un appel au bras de fer. Plutôt un signal d’alerte lancé à l’Exécutif : sans résultats tangibles, c’est la légitimité même du dialogue social qui risque de vaciller.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.