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Neuvième congrès du PJD : Benkirane est-il toujours l’homme de la reconquête ?

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Dans quelques instants, s’ouvriront à Bouznika les travaux du neuvième congrès national du Parti de la Justice et du Développement (PJD), prévu sur deux jours, les 26 et 27 avril 2025. Cette grand-messe politique s’attache à renouveler les instances dirigeantes du parti et à désigner une nouvelle équipe appelée à conduire ses destinées pour les cinq prochaines années.

La séance inaugurale sera ponctuée par la présentation du rapport politique par le secrétaire général Abdelilah Benkirane, suivie des interventions des délégations invitées venues de l’étranger.

Parmi ces invités, sont annoncés des représentants de Tunisie, de Mauritanie, du Sénégal et de Turquie. À l’inverse, les délégations de Palestine, de Jordanie et de Libye n’ont pu faire le déplacement, selon les précisions apportées par Idriss Azami El Idrissi, président du comité préparatoire du congrès.

Initialement, un émissaire du mouvement de résistance islamique Hamas – le porte-parole Fawzi Barhoum – accompagné d’une seconde personnalité dont l’identité n’a pas été révélée, devait honorer de sa présence cette rencontre. Toutefois, des contraintes imprévues ont empêché leur participation effective. Il a néanmoins été confirmé que Hamas adressera une allocution au congrès par visioconférence.

L’annonce de cette participation avait suscité de vives critiques, certains appelant au non-octroi de l’autorisation d’organiser le congrès et à la mise en œuvre de mesures de protection de la souveraineté nationale contre tout risque d’ingérence. Ces réactions ont provoqué un profond émoi au sein des partisans de la cause palestinienne et de la résistance.

Réagissant à ces controverses, Abdelilah Benkirane a dénoncé ce qu’il a qualifié d’ »extrême indécence ». Lors d’une réunion ordinaire du secrétariat général, il a salué l’honneur que représente, selon lui, la participation de Hamas, soulignant que « les Marocains demeurent solidaires de la résistance palestinienne ».

Benkirane a en outre appelé à diligenter une enquête contre ceux qui ont contesté cette invitation, rappelant que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a élevé la cause palestinienne au rang de priorité nationale.

Le leader du PJD a souligné que Hamas, par son combat héroïque et les sacrifices consentis par ses dirigeants et la population de Gaza, a profondément modifié les équilibres de la question palestinienne, laquelle constitue, au-delà de ses dimensions géographiques, une cause fédératrice pour l’ensemble du monde arabe et islamique.

Ce congrès se tient à un moment charnière de l’histoire du Parti de la Justice et du Développement, marqué par des revers majeurs, notamment depuis le célèbre épisode de blocage politique post-électoral de 2016 et l’effondrement électoral de 2021, ayant réduit drastiquement l’assise institutionnelle du parti.

Militants, cadres et sympathisants nourrissent aujourd’hui l’espoir de clore définitivement le chapitre des crises passées et d’amorcer une nouvelle dynamique capable de redonner au PJD son éclat d’antan, conquis à la faveur du Printemps arabe et du nouveau souffle constitutionnel de 2011.

Durant les quatre dernières années, Abdelilah Benkirane et son équipe dirigeante sont parvenus à ranimer une formation politique que d’aucuns considéraient moribonde. Tirant parti de nombreuses batailles politiques – contre la normalisation des relations diplomatiques avec Israël, autour de la réforme de la Moudawana (Code de la famille), et par une opposition frontale au gouvernement d’Aziz Akhannouch –, Benkirane a repositionné son parti comme une force d’interpellation majeure.

Bien que le PJD n’occupe plus qu’une modeste place en termes de représentativité parlementaire (13 sièges), son influence politique, elle, reste incontestable, imposant ses thématiques dans le débat national et demeurant, malgré tout, un acteur central de la scène politique marocaine.

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