Quota, bétail, IA et amazighe : Zaina Chahim dévoile à ‘belpresse fr’ les enjeux d’un Maroc en pleine mutation (video)
Dans un entretien exclusif pour « Belpressefr », Zaina Chahim, élue RNI sur la liste régionale des femmes de Fès‑Meknès, et présidente de la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des Représentants dresse un panorama sans concession des grands chantiers politiques et sociétaux au Maroc : renforcement du quota féminin, gestion de l’importation du bétail, encadrement de l’intelligence artificielle, promotion de la langue amazighe et perspectives de la régionalisation avancée.
Interrogée sur le maintien du quota réservé aux femmes en politique, Zaina Chahim estime que “le Maroc n’a pas encore atteint une maturité politique qui permette d’assurer une présence féminine sans l’appui du quota”. Elle précise néanmoins que cette mesure reste transitoire : “Le jour viendra où les femmes n’auront plus besoin de quotas pour exister politiquement. Mais pour l’instant, c’est une garantie indispensable.”
« Le quota féminin est un acquis indispensable : il a permis à des femmes de développer des compétences parlementaires, regrette Zaina Chahim. Mais cantonner cette mesure à une seule élection, via les listes régionales, affaiblit notre ancrage local et notre capacité à reconduire nos mandats. » Élue pour neuf provinces, elle déplore « la dispersion des efforts » et appelle à transformer ce « passage obligé » en tremplin durable.
À propos de la polémique sur les importations de bétail, notamment en période de Ramadan, Chahim défend l’intervention de l’État : “Il ne s’agit pas d’une concurrence avec le secteur privé, mais d’une régulation du marché. L’objectif est de maîtriser les prix et d’assurer un approvisionnement suffisant pour les citoyens.” Elle réfute les accusations de conflit d’intérêt ou de favoritisme dans l’octroi des autorisations d’importation.
Face aux critiques de « catastrophe d’État », la parlementaire rappelle que « les exonérations ont évité une flambée à 340 DH le kilo ; sans elles, on n’aurait jamais atteint les 90–110 DH actuels. » Elle défend le choix d’une mission d’information pragmatique et rapide, tout en reconnaissant que la baisse reste encore trop marginale, surtout dans les grandes surfaces.
Sur le plan technologique, Zaina Chahim reconnaît que le Maroc est encore au début de son parcours en matière d’intelligence artificielle : “Nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais il est urgent de former nos jeunes à ces nouvelles technologies. L’intelligence artificielle ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme une opportunité à saisir.”
« Le Maroc ne peut ignorer l’essor de l’intelligence artificielle, affirme l’avocate. Nous travaillons à un arsenal législatif – inspiré tant de l’Europe que des expériences asiatique – pour encadrer la collecte de données personnelles et prévenir les dérives éthiques. »
En ce qui concerne l’enseignement de la langue amazighe, fière de sa culture, Zaina Chahim se réjouit des progrès depuis 2021 : budget accru pour l’enseignement de l’amazighe, traduction simultanée au Parlement, et interventions croissantes en tamazight. elle déplore le manque de suivi : “Il y a eu une décision politique courageuse, mais sur le terrain, l’application reste très timide.”
Sur la régionalisation avancée, Chahim admet que « les disparités persistent », en particulier dans certaines provinces, mais croit « à une dynamique de rattrapage » portée par des incitations à l’investissement hors du corridor Casablance–Rabat–Tanger». “Les régions doivent être dotées de moyens réels pour développer leurs propres politiques publiques. Le centralisme freine le développement territorial.” a conclu Zaina Chahim
Pour Zaina Chahim, l’heure n’est plus aux constats, mais à l’action : mieux valoriser les acquis, corriger les failles et donner à chaque citoyen, quelle que soit sa province ou son genre, les moyens de s’impliquer dans les mutations du Royaume.