Les relations entre Paris et Alger connaissent un nouvel accès de tension après la réception, le 1er avril 2025, d’une délégation du gouvernement provisoire kabyle en exil (ANAVAD) au Sénat français. Conduite par Ferhat Mehenni, président de l’ANAVAD, la délégation a été accueillie officiellement par des sénateurs, dans un geste interprété comme un signal politique fort en faveur de la cause kabyle.
Une voix kabyle portée au cœur des institutions françaises
Devant des élus français sensibles à leur cause, les représentants kabyles ont dressé un tableau alarmant de la situation en Kabylie, marquée selon eux par la répression, les arrestations arbitraires et l’étouffement des libertés sous le régime algérien. Ferhat Mehenni a insisté sur le caractère pacifique de leur lutte pour l’autodétermination, affirmant que « la Kabylie poursuivra son combat jusqu’à sa liberté et son indépendance ».
L’élue kabyle Yamina Amal, également présente, a dénoncé la persécution dont seraient victimes certains chrétiens kabyles, évoquant des cas d’emprisonnements et de condamnations à mort pour motif religieux.
Une gifle symbolique pour Alger
Cette réception officielle intervient dans un contexte où Alger tente de renouer le dialogue avec Paris après plusieurs mois de brouilles diplomatiques. La presse algérienne évoquait récemment une normalisation des relations bilatérales. Mais l’accueil accordé aux représentants kabyles vient contrecarrer cette narration et représente, aux yeux de nombreux observateurs, un revers pour le régime algérien.
Le pouvoir algérien, qui défend avec vigueur le droit à l’autodétermination au Sahara marocain, se retrouve aujourd’hui confronté à ses propres contradictions en refusant ce droit au peuple kabyle.
Une stratégie d’internationalisation de la cause kabyle
Cette visite au Sénat s’inscrit dans une série d’initiatives diplomatiques menées par l’ANAVAD. Après des déplacements aux États-Unis et au Canada, le gouvernement kabyle en exil prépare désormais un dossier à soumettre à la Commission des Nations Unies pour la décolonisation. Objectif affiché : porter la question kabyle sur la scène internationale et obtenir une reconnaissance de leur droit à l’autodétermination.
Alors que Paris tente de ménager ses relations avec Alger, cette séquence diplomatique place la question kabyle au cœur des tensions géopolitiques maghrébines et européennes.