Dans une décision inattendue, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a suspendu l’appel d’offres relatif à la mise en place du dossier médical partagé, un projet évalué à 190 millions de dirhams.
Le ministre de la Santé a récemment expliqué, lors d’une interview, que ce projet ne répondait plus aux besoins actuels du système de santé. Il a précisé que l’État allait plutôt exploiter les bases de données existantes du Fonds National de Sécurité Sociale (CNSS) pour créer une plateforme numérique centralisée et plus efficace. Selon lui, cette approche permettrait d’éviter des dépenses inutiles et de rationaliser l’utilisation des ressources publiques.
Le dossier médical partagé, qui devait permettre aux professionnels de santé d’accéder en temps réel aux antécédents médicaux des patients, avait été initié sous le mandat de l’ancien ministre Khalid Ait Taleb. Ce dernier avait défendu ce projet comme un levier essentiel pour moderniser le système de soins et garantir un meilleur suivi médical.
Cependant, la suspension de cette initiative soulève des interrogations quant à l’impact sur la digitalisation du secteur de la santé au Maroc. D’un côté, certains estiment que l’exploitation des données de la CNSS permettra d’accélérer la mise en place d’un dossier médical unifié tout en évitant un investissement jugé excessif. D’un autre côté, des experts du domaine s’interrogent sur la compatibilité et l’interopérabilité des bases de données existantes avec les exigences d’un système de santé moderne.
Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de réformes du secteur de la santé, visant notamment à améliorer la gouvernance des ressources et à optimiser la gestion des infrastructures numériques. Reste à savoir si l’intégration des données de la CNSS suffira à garantir une transition fluide vers un dossier médical partagé efficace et accessible à l’ensemble des citoyens.