Le barrage Al Wahda, le plus grand ouvrage hydraulique du Maroc, a connu une nette amélioration de son niveau de remplissage en mars, portée par d’abondantes précipitations qui ont permis de compenser le déficit hydrique enregistré ces derniers mois. Ce regain témoigne du rôle déterminant des pluies dans la stabilisation des ressources en eau et le renforcement de la sécurité hydrique du Royaume.
Situé dans la province de Taounate, Al Wahda figure parmi les plus vastes barrages d’Afrique, avec une capacité de stockage atteignant 3,522 milliards de mètres cubes. Érigé sur l’oued Ouergha, affluent de l’oued Sebou, il se dresse à 40 kilomètres de Ouazzane et 60 kilomètres au nord-ouest de Fès. L’infrastructure se compose d’un ouvrage principal et du barrage Fajj, avec une longueur totale de 2 600 mètres et une hauteur de 88 mètres.
D’après Mustapha Tantaoui, directeur du barrage, cette installation stratégique assure l’approvisionnement en eau potable de plus de 20 communes rurales dans les provinces de Taounate, Ouazzane et Chefchaouen, tout en irriguant près de 115 000 hectares de terres agricoles, dont 100 000 hectares dans la plaine du Gharb et 15 000 hectares en aval de l’oued Ouergha. En outre, l’ouvrage joue un rôle clé dans la prévention des crues qui affectaient historiquement ces régions.
Outre son importance en tant que plus grand réservoir d’eau du pays, Al Wahda contribue à l’alimentation du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah, garantissant ainsi l’approvisionnement en eau potable des métropoles de Rabat et Casablanca. Ce transfert s’effectue via l’oued Sebou, en transitant par le barrage El Kansera à Kénitra, jusqu’à l’oued Bouregreg. De plus, le site est exploité pour la production hydroélectrique, avec une capacité annuelle de 400 gigawattheures.
Les précipitations enregistrées dans la région de Fès-Meknès depuis le 7 mars ont significativement relevé le niveau du barrage. Avec un cumul de 232 mm de pluie, l’apport en eau a atteint 630 millions de mètres cubes, soit 70 % des volumes stockés dans le bassin du Sebou, qui regroupe 11 barrages.
Selon Nour-Eddine Serghini, responsable de la communication et des partenariats à l’Agence du bassin hydraulique du Sebou, le taux de remplissage du barrage Al Wahda est passé de 38 % début mars à 57,1 %, enregistrant une hausse de 18 %. Ce stock permettrait d’assurer l’approvisionnement en eau potable des populations locales jusqu’en mars 2027, bénéficiant à plus de 200 000 habitants des zones avoisinantes.
Les autres barrages relevant de l’Agence du bassin du Sebou affichent également des niveaux exceptionnels, avec un taux de remplissage moyen dépassant les 50 % au 28 mars, portant le stock total à 2,78 milliards de mètres cubes. À l’échelle du bassin, les apports hydriques cumulés sur 11 grands barrages s’élèvent à environ 852 millions de mètres cubes.
À l’échelle nationale, les réserves hydrauliques du Royaume ont dépassé les 6,326 milliards de mètres cubes, avec un taux de remplissage global de 37,8 %, enregistrant une hausse de plus de 1,567 milliard de mètres cubes en seulement deux semaines.
Malgré cette amélioration notable, la nécessité de rationaliser la consommation d’eau et d’adopter des pratiques durables demeure impérative, notamment face aux fluctuations climatiques qui influencent le régime pluviométrique du Maroc.
