Le CESE plaide pour une gestion intégrée de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation face aux défis climatiques
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a récemment publié un avis mettant en lumière le degré d’intégration et de convergence dans la gestion des secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et des écosystèmes. Il insiste sur l’impératif d’adopter cette approche transversale afin de relever les défis majeurs auxquels le Maroc est confronté, notamment la sécheresse sans précédent et la dépendance énergétique vis-à-vis de l’étranger.
Selon le rapport du Conseil, l’approche du « Nexus » révèle la complexité des interactions entre ces secteurs stratégiques, soulignant qu’une perturbation dans l’un d’eux peut engendrer une série d’effets en cascade susceptibles d’amplifier les déséquilibres systémiques.
Le CESE met en exergue la crise hydrique d’une gravité inédite que traverse le pays, aggravée par des facteurs humains, environnementaux et climatiques. Le volume d’eau disponible par habitant a chuté à 600 mètres cubes par an, bien en deçà du seuil de stress hydrique fixé à 1 000 mètres cubes.
En matière énergétique, le rapport pointe du doigt la forte dépendance du Maroc aux importations, qui couvrent près de 90 % de ses besoins, ainsi que son assujettissement aux énergies fossiles, soumises à de fortes fluctuations des prix.
Sur le plan alimentaire, le rapport met en relief les tensions croissantes dues à la raréfaction des ressources en eau, aux effets grandissants du changement climatique, à la dégradation des terres agricoles et à l’appauvrissement des sols. Autant de facteurs qui compromettent la productivité agricole et menacent l’équilibre de l’écosystème alimentaire national.
Concernant les écosystèmes, le rapport alerte sur les pressions exercées par la déforestation, les incendies de forêt, la pollution, la conversion des terres agricoles, ainsi que la surexploitation des ressources naturelles, autant de phénomènes qui accentuent la vulnérabilité environnementale.
Face à ces défis interdépendants, le CESE plaide pour une intégration renforcée des politiques sectorielles afin de conjuguer durabilité, efficacité et résilience. Il recommande ainsi la création d’un mécanisme interministériel dédié à la coordination des politiques du Nexus, placé sous la supervision du Chef du gouvernement, avec un secrétariat permanent confié au département en charge de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques.
Le rapport préconise également une refonte du cadre juridique régissant ces secteurs, afin d’assurer son alignement avec les principes du Nexus, à travers un diagnostic approfondi des incohérences législatives, des chevauchements de compétences et des lacunes réglementaires.
En outre, le CESE appelle à une restructuration en profondeur de la gouvernance des secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et des écosystèmes, dans le but d’harmoniser les politiques et de garantir leur cohérence avec les objectifs de durabilité. Il prône aussi l’abandon des approches cloisonnées au profit d’une planification intégrée, fondée sur l’analyse des interdépendances entre ces secteurs afin d’optimiser les synergies et d’anticiper les impacts croisés des décisions publiques.