Lors de la dernière réunion de la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines, de l’environnement et du développement durable, en présence de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, ainsi que de Mohamed Cherkaoui Dakkaki, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM), plusieurs députés ont dressé un constat alarmant sur les dysfonctionnements et défis auxquels fait face l’entreprise.
Cette séance, consacrée à l’examen du rapport de la mission exploratoire temporaire sur la gestion d’ADM, a permis aux parlementaires, issus tant de la majorité que de l’opposition, d’exposer les failles relevées dans le document. Ils ont unanimement plaidé en faveur d’une intervention urgente de l’État afin de sauver l’entreprise de la tourmente financière qui l’accable, avec une dette colossale avoisinant les 40 milliards de dirhams.
Dans ce cadre, le député Mohamed Badou a souligné que le soutien de l’État serait déterminant pour redresser la situation financière de l’entreprise et lui permettre de renouer avec son rôle stratégique. Il a rappelé que l’ADM est appelée à réaliser un ambitieux programme d’extension de 1 200 kilomètres d’autoroutes dans les prochaines années, en prévision du Mondial, pour un coût estimé à 55 milliards de dirhams sur six ans.
Pour sa part, Naima Fathaoui, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a dressé un tableau préoccupant des dysfonctionnements qui entravent le bon fonctionnement de l’entreprise. Elle a notamment pointé du doigt la multiplication des travaux sur plusieurs tronçons autoroutiers, souvent planifiés en pleine période de forte affluence, ce qui engendre des embouteillages et rallonge considérablement le temps de trajet des usagers, sans qu’aucune réduction tarifaire ne soit envisagée en compensation.
Fathaoui a également évoqué la détérioration des barrières de sécurité sur certaines sections de l’autoroute, un problème qui représente un risque majeur pour les automobilistes, notamment avec l’intrusion fréquente d’animaux errants.
Un autre problème majeur souligné par la députée concerne l’insuffisance et le mauvais agencement de la signalisation routière. Elle a cité en exemple l’échangeur de Marrakech au niveau de Sidi Maârouf à Casablanca, où la distance entre certains panneaux de signalisation peut atteindre 20 kilomètres, ce qui induit les voyageurs en erreur et complique leur orientation.
L’engorgement des voies de péage a également été soulevé, en particulier depuis l’extension du système de paiement électronique « Jawaz ». Selon elle, le déséquilibre dans la répartition des voies, avec un nombre réduit de guichets pour le paiement en espèces au profit de plusieurs couloirs dédiés à « Jawaz », génère une confusion et un allongement des files d’attente aux barrières de péage.
Fathaoui a en outre relayé l’exaspération des usagers face aux tarifs exorbitants pratiqués dans les aires de repos, où le prix des produits et services est souvent deux à trois fois supérieur à celui des grandes surfaces et commerces de proximité.
En réponse à ces inquiétudes, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a reconnu que la Société nationale des autoroutes du Maroc subit un déficit annuel avoisinant un milliard de dirhams, une situation en grande partie due à la baisse du trafic sur plus de 500 kilomètres du réseau autoroutier. Selon ses prévisions, cette crise financière pourrait perdurer jusqu’en 2033.
Devant la Commission des infrastructures à la Chambre des représentants, le ministre a précisé que plusieurs pistes sont actuellement à l’étude dans le cadre du nouveau contrat-programme entre l’État et ADM. Parmi les mesures envisagées figure une possible révision des tarifs de péage, afin de garantir un équilibre financier plus soutenable pour l’entreprise.