Les syndicalistes de la Caisse Marocaine des Retraites, affiliés à l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), ont exprimé leur profond mécontentement à l’égard de la position adoptée par leur propre centrale syndicale.
En cause : le vote de ses représentants à la Chambre des Conseillers, le lundi 3 février 2025, en faveur du projet de loi organique encadrant le droit de grève. Une décision perçue comme une trahison par les membres de la Caisse, qui s’apprêtent à manifester contre ce texte lors d’un sit-in coïncidant avec la grève générale prévue le mercredi 5 février 2025.
Dans un communiqué , le syndicat de la Caisse Marocaine des Retraites a fermement rejeté cette loi, dénonçant un texte voté avec le concours des conseillers de l’UGTM. Il fustige un cadre juridique qui, selon lui, entrave délibérément l’exercice du droit de grève à travers des dispositions coercitives, ciblant de manière injuste la classe ouvrière.
Affiliée à l’UGTM, la section syndicale de la Caisse Marocaine des Retraites estime que cette nouvelle législation « livre les travailleurs sur un plateau d’or aux investisseurs nationaux et étrangers », tout en portant un coup à la classe moyenne, notamment les employés du secteur public, des établissements publics et des collectivités locales, bien que dans une moindre mesure que ceux du secteur privé.
Le syndicat assure qu’aucune restriction législative ne saura entraver son engagement à défendre les droits des employés de la Caisse, réaffirmant sa détermination à exercer son droit constitutionnel à la grève chaque fois que les intérêts des travailleurs seront menacés.
Il souligne en outre avoir anticipé l’adoption de cette loi en consolidant son ancrage syndical au sein de l’institution, où 85 % des employés adhèrent à ses revendications. Ce renforcement, décrit comme un « rempart syndical », vise à garantir la préservation des acquis et la protection des droits des travailleurs, lesquels affichent une mobilisation sans faille face à toute tentative de remise en cause de leurs garanties fondamentales.
Le Bureau National Unifié du syndicat de la Caisse Marocaine des Retraites a, par ailleurs, annoncé l’organisation d’un sit-in symbolique le matin du mercredi 5 février 2025, en signe de solidarité avec la classe ouvrière, qu’il considère comme la cible principale de ce projet de loi. Il rejette fermement « toutes les formes de domestication et de mise sous tutelle » du mouvement syndical et appelle l’ensemble des travailleurs de la Caisse à faire bloc et à intensifier leur solidarité face aux défis à venir.
Lors d’une séance législative tenue le lundi 3 février 2025, la Chambre des Conseillers a adopté à la majorité le projet de loi organique n° 97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève, après son amendement et sa réorganisation.
Le texte a recueilli l’approbation de 41 conseillers, dont ceux de l’UGTM, tandis que 7 autres s’y sont opposés. Aucun conseiller ne s’est abstenu. Cette séance a également été marquée, en ouverture, par le retrait du groupe parlementaire de l’Union Marocaine du Travail (UMT), en signe de contestation du texte dans sa version actuelle.
De son côté, l’UGTM a défendu le projet en soulignant qu’il avait fait l’objet d’un débat approfondi sur ses dimensions constitutionnelles, juridiques et sociales, prenant également en considération les normes internationales édictées par le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Le groupe parlementaire de l’UGTM a estimé que, d’un point de vue objectif, le texte garantit l’exercice du droit de grève sans le restreindre outre mesure, et qu’il se démarque de la version controversée présentée en 2016. Il a, en outre, appelé à la préservation des libertés syndicales et à l’abrogation de l’article 288 du Code pénal, jugé obsolète depuis l’adoption de cette loi organique.