Dans un entretien accordé à L’Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dressé un constat amer des relations entre l’Algérie et la France, mettant en garde contre un point de non-retour. Il dénonce une crise de confiance profonde, alimentée par des tensions mémorielles et diplomatiques, et reproche à Paris des positions jugées hostiles.
« Nous traversons une crise sans précédent depuis 1962. Ce n’est pas une simple crise diplomatique, mais une crise de confiance », a affirmé Tebboune, déclarant avoir averti Emmanuel Macron des risques de raviver des blessures historiques. Il a également critiqué certaines personnalités politiques françaises, notamment Bruno Retailleau, dont les déclarations sont, selon lui, « incendiaires et hostiles envers l’Algérie ».
Sur les dossiers géopolitiques, Tebboune a fustigé la position de la France sur la question du Sahara, estimant que Paris doit « cesser son double jeu ». Il a réaffirmé la position intransigeante de son pays, assurant qu’« aucun compromis » ne sera toléré sur ce dossier. Pourtant, Alger n’a jamais adopté un ton aussi ferme envers Washington, qui soutient l’intégrité territoriale du Maroc depuis 2020.
Concernant Israël, Tebboune a déclaré : «Nous sommes prêts à normaliser nos relations avec Israël [mais] les accords sont des illusions vendues par ceux qui ont oublié l’histoire.»
Sur la question de l’immigration, il a dénoncé une instrumentalisation politique en France, réfutant l’idée d’une immigration massive et pointant du doigt l’extrême droite. « Ceux qui crient au scandale cherchent des prétextes pour nourrir la xénophobie », a-t-il lancé, s’interrogeant sur les intentions de Marine Le Pen en cas d’accession au pouvoir.
Enfin, Tebboune a insisté sur la nécessité d’une relation d’égal à égal entre Alger et Paris. « L’Algérie d’aujourd’hui n’est plus celle de 1962. Nous sommes un pays souverain et nous n’accepterons aucune ingérence, d’où qu’elle vienne », a-t-il conclu.