Un rapport de l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient estime que si les États-Unis ne s’impliquent pas dans la résolution du conflit du Sahara, ils laisseront la voie libre à la Russie et à la Chine pour renforcer leur influence au Maroc.
Dans une analyse approfondie de Souhir Madini, il est noté que le récent jugement de la Cour de justice de l’Union européenne complique les relations entre deux partenaires clés des États-Unis : le Maroc et l’Union européenne.
L’auteure du rapport estime qu’à première vue, cette évolution pourrait sembler offrir une opportunité d’accroître les investissements américains au Maroc, mais il est probable qu’elle pousse Rabat dans les bras de la Chine et de la Russie, à moins que des mesures supplémentaires ne soient prises par les États-Unis.
Selon l’analyse de cet institut renommé, Washington pourrait jouer un rôle déterminant dans la question du Sahara en plaidant vigoureusement pour une décision décisive aux Nations Unies.
Le rapport souligne que le Maroc a gagné ces dernières années le soutien de grandes puissances européennes, notamment l’Espagne et la France, et qu’aujourd’hui, pas moins de vingt États membres de l’Union européenne soutiennent l’autonomie du Sahara marocain.
L’analyse affirme que la diplomatie marocaine a réagi de manière réfléchie au jugement rendu par la Cour de justice de l’Union européenne, affirmant que le Royaume « ne se considère en aucun cas concerné par cette décision ».
À l’inverse, lorsque la Cour de justice européenne a annulé l’accord de libre-échange avec le Maroc en 2016 pour des raisons similaires, Rabat a suspendu ses relations diplomatiques avec l’Union européenne. Cette récente réaction témoigne de la confiance du Royaume dans le fait que sa diplomatie a marqué des points cruciaux sur la question du Sahara depuis lors, selon l’analyse.
Il y a quatre ans, la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara a rehaussé les attentes politiques de Rabat sur cette question et incité d’autres pays à réévaluer leurs positions.
Bien que l’administration Biden ait été réticente, voire hostile à ce revirement, elle ne l’a pas renversé (en partie en raison du rôle de cette décision dans la normalisation maroco-israélienne), rapporte l’analyse. Le rapport prévoit que la prochaine administration Trump cherchera à prendre des mesures concrètes pour renforcer sa reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara.
D’une part, le rapport stipule qu’une véritable consulat devrait être ouvert à Dakhla, comme Washington l’avait promis en 2020 (une présence consulaire a été établie mais elle est restée virtuelle) et que le retour de Trump pourrait ouvrir des perspectives d’investissements lucratifs pour les entreprises américaines.
Bien que Washington ait signé un accord de libre-échange avec le Maroc il y a deux décennies et n’ait actuellement aucun obstacle juridique à l’investissement direct étranger dans le Sahara marocain, le boom attendu des investissements américains ne s’est jamais matérialisé.
Sous l’administration Biden, les investisseurs potentiels ont peut-être hésité à conclure des accords au Sahara marocain en raison des craintes de revenir sur la décision de Trump de 2020 ; mais ces craintes devraient maintenant s’estomper, selon l’analyse.
L’analyse conclut que toute explosion des relations économiques entre le Maroc et les États-Unis sera limitée par un fait : l’Union européenne est le principal partenaire commercial du Maroc, en raison de la proximité géographique et d’autres facteurs.
En outre, tout investissement massif dans le Sahara marocain (qu’il soit européen ou américain) nécessitera des garanties sur la sécurité de la région, un facteur qui restera incertain tant que la situation n’aura pas été résolue, selon le rapport de l’institut.