Site indépendant d'actualités

Chute du régime syrien : quel avenir pour les Marocains bloqués dans les zones de conflit ?

0

Avec la chute du régime de Bachar al-Assad et la reconfiguration du paysage politique en Syrie, le dossier des Marocains partis rejoindre les zones de conflit ressurgit avec acuité. Ces individus, plongés dans un tourbillon sanglant et complexe, se retrouvent souvent associés à des organisations classées terroristes ou incarcérés dans des camps gérés par d’autres factions armées.
Avec l’effondrement d’un régime qui a marqué de son empreinte cette guerre interminable, un nouveau chapitre s’ouvre, soulevant des questions pressantes : quel avenir pour ces Marocains, notamment ceux qui souhaitent retourner dans leur pays natal ? Et comment le Maroc peut-il aborder ce dossier sensible, mêlant responsabilité humanitaire et impératifs sécuritaires, dans un contexte marqué par douze années de rupture diplomatique avec Damas et l’émergence d’un nouvel ordre politique en quête de stabilité ?

Pour l’expert en sécurité Mohamed Akdid, le dossier des Marocains en Syrie représente une problématique complexe, en particulier pour ceux ayant intégré des cellules terroristes. Il estime cependant que le Maroc, fort de ses institutions sécuritaires, judiciaires et diplomatiques, dispose des moyens légaux pour traiter ces situations.

Selon Akdid, les profils des Marocains en Syrie sont variés : certains ont été manipulés ou attirés par erreur, tandis que d’autres, notamment des femmes, ont suivi leurs conjoints dans des groupes terroristes. Il y a aussi des personnes bloquées par les affres de la guerre sans implication dans des activités suspectes. Beaucoup d’entre eux, dit-il, ont été désillusionnés par une réalité bien différente de leurs attentes, les poussant à regretter leurs choix.

Dans ce contexte, l’effondrement du régime syrien pourrait ouvrir la voie à une collaboration avec la nouvelle administration à Damas. Fidèle à ses principes, le Maroc ne laissera pas ses citoyens à leur sort, souligne Akdid, tout en rappelant que chaque cas sera minutieusement étudié sous l’égide des lois antiterroristes et des institutions compétentes.

“Le Maroc ne ménage aucun effort pour permettre le retour de ses citoyens, même lorsque ces derniers n’en formulent pas la demande. Cependant, face aux risques d’extrémisme, des enquêtes approfondies sont essentielles pour garantir la sécurité nationale,” ajoute l’expert, ancien cadre de l’Institut royal de police.

S’agissant des Marocains retenus dans les camps administrés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), Akdid met en garde contre toute coopération avec des groupes séparatistes ou non reconnus internationalement. Les chiffres actuels font état de 100 femmes marocaines et de 259 enfants retenus dans des camps tels que Al-Hol et Roj, tandis qu’environ 130 hommes sont incarcérés dans des prisons locales, selon des données de la Coordination nationale des familles des Marocains retenus en Syrie et en Irak.

L’expert anticipe une collaboration future entre le Maroc et une Syrie reconstruite sur des bases institutionnelles modernes et démocratiques, loin de la dictature et de la violence armée. Une telle coopération pourrait inclure la gestion du dossier des Marocains en Syrie, dans une optique de responsabilité partagée et de réintégration progressive.

Dans un contexte de transformation politique majeure, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a réaffirmé hier à Rabat que le Maroc suivait de près ces évolutions. Tout en renouvelant son soutien à l’unité et à la souveraineté syriennes, il a exprimé l’espoir que ces changements ouvrent la voie à la paix, à la stabilité et au développement pour le peuple syrien.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.