Un rapport français révèle l’identité de la délégation ministérielle qui accompagnera Macron lors de sa visite au Maroc
La revue française « Le Point » a publié un rapport sur la visite attendue du président français au Maroc à la fin de ce mois d’octobre.
Sous le titre : « Macron au Maroc : Airbus, Sahara et départ des terres françaises », Le Point s’est penchée sur cette visite, vue comme une occasion pour le président Emmanuel Macron de clore trois ans de profonds désaccords et d’ouvrir une nouvelle ère dans les relations bilatérales.
Selon Le Point, la question à un million d’euros (ou dix mille dirhams marocains) que se pose le milieu économique franco-marocain – un subtil mélange de diplomates, de grands chefs d’entreprises, d’intermédiaires et de leurs partenaires – est la suivante : « Quelles seront les contreparties publiques que le Maroc offrira à la France en échange de son soutien au plan marocain sur le Sahara ? », et cela dans le cadre de la visite officielle de Macron au Maroc fin octobre.
La revue cite une note de la Direction générale du Trésor en France, indiquant que « bien que le Maroc ne représente que 1 % du commerce extérieur de la France, il demeure notre premier partenaire commercial en Afrique et le deuxième dans la zone Afrique du Nord/ Centre-Sud-Est, derrière la Turquie ». En effet, suite aux perturbations engendrées par l’invasion russe de l’Ukraine, le Maroc a réorganisé ses chaînes d’approvisionnement, augmentant ses importations de produits agricoles tricolores et d’équipements électroniques. La France est en compétition avec la Chine depuis plusieurs années pour conserver son statut de principal fournisseur du royaume, tandis que l’Espagne suit de près.
En 2022, le Maroc a été le premier bénéficiaire des investissements français dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, ainsi que de l’aide au développement dans le monde. Bien que la « guerre des visas » (Paris ayant réduit de 50 % le nombre de visas octroyés aux Marocains, faute d’efforts suffisants de leur part pour récupérer leurs ressortissants indésirables sur le sol français, notamment ceux sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français – OQTF) ait exacerbé la sensibilité royale, le tissu économique, tant privé que public, a continué de fonctionner malgré le rappel par Rabat de son ambassadeur en poste à Paris, un poste resté vacant pendant une année entière. Mais à présent, la crise diplomatique semble avoir été surmontée. On dit souvent que les affaires algériennes sont une problématique interne à la France ; dans une moindre mesure, il en va de même pour le Maroc, souligne Le Point.
Le magazine poursuit en expliquant que la réussite de cette visite d’État, que Macron effectuera au Maroc, sera mesurée par les annonces qui en découleront. Le Point évoque notamment l’avionneur « sacré » Airbus – thermomètre des bonnes relations diplomatiques – qui devrait permettre de révéler des chiffres impressionnants. En effet, l’appel d’offres lancé par la Royal Air Maroc pour l’acquisition de 150 appareils devrait arriver à son terme d’ici la fin de l’année. Dix-huit hélicoptères Caracal devraient également rejoindre la flotte d’Airbus. Macron sera accompagné par une délégation ministérielle de haut rang, comprenant des ministres de l’Intérieur, de la Défense, de l’Industrie, et d’autres.
De plus, la question du LPC (le laissez-passer consulaire, document indispensable pour l’expulsion des Marocains soumis à l’OQTF) sera abordée, car « la volonté est là », précise Le Point.
La revue ajoute que la visite de Macron au Maroc irrite le « régime » algérien, dans un climat glacial avec Rabat : les frontières restent fermées (terrestres, aériennes et maritimes), les relations diplomatiques sont rompues, et l’Algérie vient de réintroduire les visas pour les Marocains, y compris pour ceux ayant la double nationalité.
Dans ce champ de mines diplomatique, Emmanuel Macron arrive en tant que chef d’État ayant fait un choix clair : la France soutient le plan marocain pour le Sahara, une position bien plus affirmée que celle de l’Allemagne ou de la Finlande.
Le rapport conclut en affirmant que, lors de cette visite, Macron écrira une nouvelle page dans les relations économiques et politiques entre les deux nations, ou du moins en assurera la continuité. À moins de trois ans de la fin de son mandat, le président français revient aux fondements de la cinquième République dans le Maghreb : le Maroc est l’allié.