À la suite d’une mobilisation citoyenne contre la programmation du chanteur algérien Cheb Bilal au festival du Forum National de la Pomme à Midelt, le comité d’organisation a décidé d’annuler son concert initialement prévu le 19 octobre. La raison invoquée : des déclarations insultantes de l’artiste envers le Maroc, pays qui a pourtant largement contribué à sa notoriété.
Cheb Bilal, de son vrai nom Bilal Mouffok, né en 1966 à Cherchell, en Algérie, a connu la célébrité à la fin des années 1990, avec un apogée dans les années 2000. Ses chansons ont eu un grand succès dans les pays du Maghreb, particulièrement au Maroc, où sa popularité est restée forte malgré l’absence de nouveaux titres récents.
Invité à se produire lors du festival le 19 octobre, Cheb Bilal a vu son concert annulé en raison de ses déclarations controversées passées. Une vague de protestations s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux à l’annonce de sa venue.
Face à cette pression populaire, le comité d’organisation a publié un communiqué expliquant avoir reçu de nombreuses plaintes et critiques concernant la participation de l’artiste. En réponse, ils ont annulé son concert, optant plutôt pour la participation d’artistes locaux et nationaux.
La polémique remonte à 2016, lorsque Cheb Bilal avait accordé une interview à la chaîne algérienne Echourouk. Interrogé sur son éventuel intérêt à obtenir la nationalité marocaine, il avait répondu de manière condescendante et offensante. Sa remarque, « Je n’ai pas besoin de la nationalité marocaine, même si on me la donne gratuitement », avait suscité l’indignation au Maroc, bien qu’il ait continué à y performer par la suite.
Cette déclaration a particulièrement agacé les Marocains, car l’artiste a longtemps passé une grande partie de son temps au Maroc, où il a acquis une notoriété bien plus grande que dans son propre pays. Il participait régulièrement aux festivals et showcases marocains, consolidant ainsi sa carrière.
Conscient de sa maladresse, Cheb Bilal avait tenté d’apaiser les tensions quelques années plus tard, en affirmant que « la nationalité marocaine est dans son cœur ».
Pendant des années, le Maroc a accueilli Cheb Bilal et d’autres artistes algériens sur ses scènes, en signe de fraternité entre les deux peuples, malgré les tensions politiques entre leurs gouvernements respectifs. Cheb Bilal était un symbole de cette ouverture marocaine.
Cependant, à la lumière de ces déclarations jugées irrespectueuses et du contexte politique tendu entre le Maroc et l’Algérie, marqué par des mesures restrictives et des tentatives d’appropriation culturelle de la part du gouvernement algérien, les Marocains sont devenus plus vigilants. L’attitude de ceux qui, selon eux, « mordent la main qui les a nourris » n’est plus tolérée.