L’éditorial du journal Le Monde brosse un portrait sévère d’Abdelmadjid Tebboune, qualifié de « Nicolás Maduro algérien », un président mal réélu et sous l’emprise croissante de l’armée. Selon l’éditorial, Tebboune a été réélu lors d’un scrutin entaché d’irrégularités le 7 septembre, avec un taux de participation « gonflé » à 46 % alors qu’une estimation initiale l’indiquait à 23 %, et un taux réel qui avoisinerait les 10 %. Son score officiel de 84,3 % est donc largement remis en question. Le quotidien souligne que ce genre de manipulation n’est pas sans rappeler la situation au Venezuela, où Nicolás Maduro a été déclaré vainqueur avec 52 % des voix sans qu’aucune vérification n’ait été possible.
La question soulevée est pourquoi la communauté internationale semble fermer les yeux sur les irrégularités en Algérie, alors qu’elle conteste ouvertement les résultats au Venezuela. Le Monde explique que la société algérienne a refusé de cautionner ce qu’elle perçoit comme un simulacre électoral destiné à donner une légitimité factice à un régime militaire.
L’éditorial poursuit en affirmant que la faiblesse politique de Tebboune renforcera inévitablement le pouvoir de l’Armée nationale populaire (ANP). Des signes de cette emprise accrue sont visibles, notamment par la présence massive de généraux lors de la cérémonie de prestation de serment du président le 17 septembre. Cette militarisation progressive est confirmée par l’influence grandissante de l’armée dans la vie civile, à travers des réformes constitutionnelles et des décrets qui accordent à l’armée un rôle de plus en plus prépondérant dans la gouvernance du pays.
Ainsi, la révision constitutionnelle de 2020 a donné à l’armée la mission de défendre les intérêts vitaux du pays, une formulation suffisamment vague pour permettre des interprétations très larges. De plus, un décret de juin autorise le détachement d’officiers militaires dans l’administration civile, notamment dans des secteurs stratégiques.
En conclusion, Le Monde observe que ce processus progressif traduit une « érosion » de la façade civile du pouvoir en Algérie et une stérilisation de la vie politique, accentuée par les dysfonctionnements constatés lors du scrutin présidentiel du 7 septembre.