Un récent rapport du journal français Le Monde a mis en lumière le nouveau partenariat économique qui unit désormais le Maroc et la Chine, notamment face à l’afflux considérable d’investissements chinois dans le secteur de la fabrication de voitures électriques au cours de l’année passée. Le rapport souligne que, par ces investissements, la Chine cherche à se frayer un chemin vers l’Union Européenne et les États-Unis afin de contourner les mesures visant à restreindre ses produits.
Dans ce contexte, le rapport de la presse française précise que la Chine accorde une attention croissante au climat des affaires au Maroc, comme en témoigne le classement de The Economist en août dernier, qui a placé le Maroc parmi les cinq principaux pays cibles pour les investissements chinois « verts » en 2023. La société CNGR, en partenariat avec le fonds Al Mada (dont le roi Mohammed VI est le principal actionnaire) et le géant chinois Gotion, projette d’investir environ 4 milliards de dollars au Maroc.
Le rapport ajoute que la Chine ne dissimule pas ses objectifs à travers ces investissements, car elle cherche à « conquérir les marchés américains et européens tout en contournant les mesures qui visent à exclure ses produits », telles que la loi américaine sur la réduction de l’inflation adoptée par le Sénat en 2022. Cette loi prévoit des crédits d’impôt pour les batteries fabriquées à partir de composants provenant de pays ayant signé des accords de libre-échange avec les États-Unis, comme le Maroc.
Bien que cette mesure américaine vise principalement à contrer l’expansion des voitures chinoises dans le cadre de la guerre commerciale entre les deux pays, la Chine a su utiliser cette législation à son avantage, en orientant plusieurs de ses investissements vers le Maroc, non seulement pour contourner cette loi, mais également pour profiter des exonérations fiscales qu’elle offre.
Le rapport souligne également que la Chine bénéficiera des réserves marocaines de métaux essentiels à la fabrication des batteries pour voitures électriques. Il est prévu que la première usine de production de sulfate de cobalt du Maroc ouvre ses portes en 2025, dans le cadre d’un projet du groupe Managem, visant à répondre à la demande croissante pour ces métaux stratégiques. L’usine devrait produire annuellement environ 5 800 tonnes, dont la majeure partie sera livrée à Renault, ainsi qu’au groupe BMW et à l’entreprise anglo-suisse Glencore.
En outre, Managem prévoit d’ouvrir en 2025 une usine de cuivre, élément clé pour les moteurs des voitures électriques et les stations de recharge, dans la ville de Tiznit, avec une réserve estimée à plus de 600 000 tonnes.
Le journal français ajoute que le phosphate, dont le Maroc détient 70 % des réserves mondiales, devrait également voir son importance augmenter, selon les experts, avec l’usage croissant des batteries au phosphate de fer lithium dans les voitures électriques à l’échelle mondiale, à l’image de ce qui se fait déjà en Chine.
Le même rapport rappelle que le Maroc, devenu en moins de quinze ans le premier producteur de voitures en Afrique, pourrait tirer parti de cet écosystème industriel, ainsi que du port de Tanger Med, situé à moins d’une heure de l’Espagne et à cinq jours des côtes américaines, pour faire de sa production de voitures électriques une référence à l’exportation.