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Conflit du Sahara : Une question existentielle pour le Maroc, une rente de situation pour l’Algérie, selon Jeune Afrique

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Depuis des décennies, les relations entre l’Algérie et le Maroc sont marquées par des tensions persistantes. Dans un éditorial, François Soudan de Jeune Afrique revient sur l’histoire mouvementée et les conflits profonds qui opposent les deux pays depuis leurs indépendances respectives.

Soudan note que le mois d’août semble particulièrement fatal à l’idéal d’unité maghrébine. En août 2021, l’Algérie sous Abdelmadjid Tebboune a coupé ses relations diplomatiques avec le Maroc. Depuis, malgré les appels au dialogue du roi Mohammed VI, aucune amélioration n’est en vue. Les frontières terrestres, fermées depuis août 1994, restent un symbole d’incompatibilité profonde entre les deux nations, une situation que Soudan qualifie d’« aberration ».

Malgré les tensions, le Maroc a montré sa volonté de coopération. Durant la guerre d’Algérie, Mohammed V a refusé les propositions françaises de céder Tindouf au Maroc en échange de l’éradication des bases du FLN sur son territoire, rejetant également l’idée d’une partition de l’Algérie. Pourtant, la guerre des Sables en 1963 a gravement marqué les relations, creusant un fossé entre le Maroc, une monarchie ancienne, et l’Algérie, jeune république révolutionnaire.

Selon Soudan, le conflit du Sahara est davantage une conséquence qu’une cause de la mésentente maroco-algérienne. La Marche Verte a permis au roi Hassan II de rallier son peuple autour de la question de la souveraineté du Sahara, une cause perçue comme essentielle par les Marocains.

Pour l’Algérie, cette opposition à la revendication marocaine est une stratégie géopolitique visant à affaiblir le Maroc et à garantir un accès à l’Atlantique par le biais d’un État vassal. Peu de dirigeants algériens ont cherché à dépasser cette situation, qui maintient un état de conflit profitable à l’institution militaire algérienne, une entité qui redoute toute normalisation des relations avec le Maroc comme une menace à son influence politique.

La distance croissante entre les peuples marocain et algérien est un autre aspect tragique de ce conflit. Soudan souligne que les décennies de propagande et de méfiance mutuelle ont érodé les liens autrefois fraternels. L’idée que les Algériens ne se soucient pas des tensions avec le Maroc est un mythe, brisé par les générations élevées dans l’hostilité et l’isolement.

En conclusion, Soudan évoque avec nostalgie le temps où les Marocains et les Algériens se côtoyaient librement, partageant des moments de fraternité avant que les frontières ne deviennent infranchissables, marquées par des tranchées et des barbelés. Une réalité amère qui semble perdurer, sans perspective immédiate de changement.

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