Maroc-France : Vers un changement de paradigme ? L’impact de l’extrême droite française sur les relations bilatérales
Les relations entre le Maroc et la France, récemment apaisées après une période de tensions diplomatiques, semblaient se diriger vers un renforcement mutuel sur tous les fronts. Cependant, l’ascension fulgurante du parti d’extrême droite Rassemblement National, dirigé par Marine Le Pen, en France, introduit de nouvelles incertitudes quant à l’avenir de ces relations bilatérales. Cette situation préoccupe particulièrement la communauté marocaine établie en France et l’ensemble des pays du Maghreb.
Le journalite politique marocain Mohamed Ouamoussi nuance l’impact potentiel de l’accession de l’extrême droite au pouvoir en France sur les relations bilatérales. Il met en avant la Constitution française, qui accorde de larges pouvoirs au Président de la République en matière de politique étrangère, même en cas de cohabitation avec un gouvernement d’orientation opposée.
Ouamoussi souligne les positions pro-Maroc exprimées par certains leaders d’extrême droite, comme Jordan Bardella, qui a qualifié le Maroc de « peuple ami et frère ». Il estime que les intérêts stratégiques supérieurs de la France guideront ses relations avec le Maroc, qui est considéré comme un partenaire crucial et un modèle dans la région.
L’écrivain et critique marocain Maati Kabbal adopte une approche plus prudente. Il observe que si les relations maroco-françaises ont résisté aux bouleversements politiques français jusqu’à présent, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir pourrait avoir des conséquences indirectes.
Il redoute l’influence de ces discours politiques sur les relations bilatérales, que ce soit en cas de victoire de Le Pen ou de la coalition de gauche. Il rappelle néanmoins la visite récente d’une délégation française au Maroc, saluant la position « claire et honorable » sur le Sahara marocain exprimée par certains membres, et les promesses de changement de certains politiciens français.
Kabbal élabore ensuite des scénarios possibles : une victoire de la coalition de gauche pro-algérienne pourrait détériorer les relations, tandis que le maintien de Macron au pouvoir et la consolidation de ses liens avec le Maroc offriraient un tableau plus positif. Cependant, il nuance ce dernier cas en évoquant l’impopularité croissante de Macron et les difficultés que sa réélection pourrait engendrer.
Les analyses de Ouamoussi et Kabbal mettent en lumière les incertitudes qui pèsent sur l’avenir des relations Maroc-France face à la montée de l’extrême droite en France. Ils soulignent l’importance de la Constitution française et des intérêts stratégiques dans le maintien de la stabilité des relations bilatérales, tout en reconnaissant l’existence de risques et d’influences indirectes potentiellement néfastes.
Au-delà des relations bilatérales, ces analyses soulèvent des questions plus larges sur le rôle de la France à l’échelle internationale et l’évolution de son influence dans un monde en mutation. La situation actuelle place la France dans une position délicate, tant sur le plan interne qu’externe, et appelle à une observation attentive des développements politiques français et de leurs répercussions sur les relations avec le Maroc et l’ensemble de la région.
