Site indépendant d'actualités

Crise de l’enseignement au Maroc : Entre impasse politique et défis de réforme

0

Quel dénouement attendre de la crise actuelle dans le secteur de l’enseignement ? Cette question demeure sans réponse immédiate et définitive en raison de plusieurs facteurs complexes. La situation est caractérisée par des déficits accumulés au fil des années, l’héritage de l’ère Benkirane qui a instauré la contractualisation en 2016, la représentativité limitée des syndicats entraînant une crise de médiation, l’absence de légitimité institutionnelle des coordinations pour des négociations directes avec le gouvernement, et enfin, le virage politique pris par le mouvement des coordinations.

Le récent débrayage dans l’enseignement, avec la participation de plus de 90 000 enseignants sur 260 000 en réponse à l’appel à la grève de la Coordination nationale du secteur de l’enseignement, souligne l’ampleur inédite de la crise. Même l’accord du 10 décembre sur la hausse des salaires, visant à apaiser les protestations, n’a pas réussi à mettre fin au mouvement qui dure depuis environ deux mois.

La deuxième journée de grève, le 14 décembre, coïncidera avec le début des discussions sur la révision du statut unifié et les rencontres bilatérales entre Benmoussa et la FNE. Le degré de mobilisation des grévistes, ainsi que les réactions des syndicats et de la FNE, seront scrutés de près. Selon certaines sources proches des négociations, le maintien de la grève était prévisible malgré l’accord du 10 décembre, considéré comme une « victoire à la Pyrrhus ».

La crise actuelle est désormais politique, dépassant le simple registre des revendications d’amélioration de la situation des enseignants. Les coordinations cherchent avant tout une légitimité politique, et leur rejet systématique des accords sans leur participation vise à imposer un dialogue direct avec le gouvernement.

Malgré la reprise des échanges entre la FNE et le ministère, les discussions sur la révision du statut unifié s’annoncent délicates, avec des intérêts parfois contradictoires. La question demeure de savoir si le gouvernement sera ferme sur des points clés de la réforme, notamment l’évaluation du travail des enseignants et leur implication dans de nouvelles méthodes pédagogiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.