Depuis les tout premiers moments du séisme, le roi Mohammed VI a fait preuve d’une gestion exceptionnelle, pleine de calme et de compétence, au milieu de la catastrophe la plus meurtrière qu’ait connue le royaume en plus de soixante ans, selon le quotidien français L’Opinion.
«Cette nuit-là, Mohammed VI est encore éveillé. Au bout du fil, son interlocuteur l’informe de la survenue d’un séisme, 10 minutes plus tôt, dont l’épicentre se trouve dans la commune d’Ighil, dans le Haut Atlas, une région que le souverain connaît bien pour y avoir randonné plus jeune (…) Très vite, aux premiers échanges, le roi comprend l’importance du drame. Il demande alors que le 747 royal immatriculé CNMBH décolle sur le champ pour venir le récupérer à Paris. Il passe ensuite une série de coups de fil et il et échange avec Fouad Ali el Himma», écrit le quotidien L’Opinion.
«Le roi veut avoir une évaluation la plus précise des dégâts. Plusieurs personnalités sont mobilisées, particulièrement Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur. Le souverain donne aussi comme consigne de pointer les deux satellites du royaume sur la zone sinistrée pour avoir des images. Au milieu de la nuit, il est convaincu que la protection civile ne va pas être suffisante pour porter secours aux victimes. Il prend donc attache avec le général Mohammed Berrid qu’il a fait nommer inspecteur général des Forces Armées Royales (FAR), cinq mois plus tôt. M6 sait qu’il peut compter sur ce haut gradé. Il a longtemps dirigé le 3e Bureau de l’état-major général des FAR, chargé notamment de la coopération interarmées, de la mise en place des hôpitaux de campagne, du maintien de la paix», a-t-on mentionné.
L’homme de la situation
«Bref, c’est l’homme de la situation. Le roi s’enquiert des possibilités d’atteindre l’épicentre du séisme dans la chaîne de montagne de l’Atlas. Et demande si les hélicoptères de l’armée, spécialement les Chinook, ne vont pas atteindre leur plafond de vol. On le rassure rapidement. Il ordonne la mobilisation des FAR. Un PC de crise est installé au milieu de la nuit au ministère de l’Intérieur, à Rabat, sur le même modèle que celui installé lors du tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004. Depuis cet événement, le Palais a travaillé à la gestion intégrée des risques», a-t-on détaillé.
La description clinique des événements dévoile un autre pan de la réalité : «Le roi était extrêmement calme, assurent plusieurs sources proches du Palais. Il s’est mis en mode action pour son pays et a réduit au minimum les interférences extérieures, ce qui explique que plusieurs dirigeants étrangers n’aient pas pu le joindre ». M6 a convoqué une réunion, dès le samedi après-midi, au palais de Rabat qu’il a rejoint à bord de l’avion royal. Sont présents autour de la table les principaux responsables de l’armée, le Premier ministre, Aziz Akhannouch, et le ministre de l’Intérieur. Un casting, qui ressemble à celui opéré durant la crise sanitaire. Mohammed VI demande alors au chef de gouvernement de créer un comité interministériel pour le relogement des populations et la reconstruction. Ce dernier ne s’est pas encore rendu sur place. Il connaît les codes du royaume et n’ira qu’après le passage du roi et avec sa bénédiction. Les responsables de la Bank Al-Maghreb (banque centrale), en lien avec le Trésor, sont sollicités pour créer un compte public afin de recevoir les dons. Dès le dimanche soir, un RIB est diffusé dans les médias pour que les ménages et les chefs d’entreprise puissent participer à l’effort de solidarité», a-t-on narré.
Instructions en temps réel
«Le roi sollicite aussi un réaménagement de son agenda pour pouvoir se rendre au plus vite auprès des victimes. Mais les sismologues craignent des répliques les jours suivants, à raison. Il ne se rendra finalement sur place que quatre jours plus tard. En attendant, il donne des instructions aux forces de l’ordre afin de ne pas empêcher les populations, qui le souhaitent, de dormir dehors. Beaucoup sont encore sous le choc. Il donne aussi carte blanche pour que les médias nationaux et étrangers se rendre sur les lieux du drame. Tout verrouillage des lieux serait interprété comme une tentative de muselage. Les premières polémiques sur le silence du roi n’ont pas manqué de surgir dans la presse occidentale», a-t-on précisé.
Pour le journal, le roi Mohammed VI opte pour une communication minimale, «se laisse filmer en rendant visite aux victimes, à l’hôpital de Marrakech, et en apportant son réconfort à un migrant subsaharien. Il faut donner l’exemple : il donne son sang et mobilise la holding royale pour un don d’environ 100 millions d’euros. Ces derniers jours, il a donné des instructions pour indemniser les victimes et créer une agence nationale pour risque sismique. Son prochain grand discours est programmé le 13 octobre pour la rentrée du Parlement. Nul doute que la reconstruction sera au cœur de son allocution», a-t-on souligné.