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Des dizaines de travailleurs marocains se sont rassemblés ce dimanche devant le Parlement pour exprimer leur opposition au projet de loi organique encadrant le droit de grève, qu’ils considèrent comme une menace directe à leur « unique moyen de défense » pour préserver leurs droits. Sous la bannière du Front marocain contre les lois sur la grève et la retraite, les manifestants ont scandé des slogans tels que « Non aux lois injustes », « La grève est un droit universel et constitutionnel » et « La classe ouvrière ne se laissera pas humilier ».
Cette manifestation intervient dans un contexte de tension croissante entre le gouvernement et les syndicats, après la décision de discuter ce projet de loi au Parlement. Pour Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE) et figure du Front, le rassemblement vise à envoyer « un message clair des travailleurs au gouvernement » en dénonçant « une atteinte à un droit constitutionnel ».
Ghmimat regrette que ce projet de loi rende « inopérant » le droit de grève et critique l’absence de concertation avec les travailleurs, ainsi que « la précipitation » avec laquelle le texte avance au Parlement. Il appelle à un « retrait immédiat » de ce texte, rappelant qu’historiquement, les grèves n’ont pas eu d’impact majeur sur les employeurs et sont restées ponctuelles. Face à la dégradation des conditions économiques, avec des salaires stagnants, une protection sociale en déclin et une privatisation accrue des services, il estime que le gouvernement devrait se concentrer sur les revendications urgentes des travailleurs.
Pour Ghmimat, l’unité de la classe ouvrière est essentielle pour contrer ce projet de loi, qu’il qualifie de « très dangereux ». Bien que la manifestation ait attiré un nombre limité de participants, il insiste sur le poids symbolique de l’action et sur l’importance de la solidarité ouvrière.
Hamid Majdi, coordinateur du Réseau Intersection pour la défense des droits des travailleurs, renforce ce discours en dénonçant « la volonté du gouvernement de criminaliser le droit de grève ». Selon lui, la grève demeure « le seul moyen de défense des travailleurs » pour protéger leurs droits et leurs acquis.
Majdi met en garde contre les précédentes réformes initiées depuis le gouvernement d'Abdelilah Benkirane, qui, selon lui, ont déjà érodé les droits des travailleurs. Il redoute que ce projet de loi ne s’ajoute à cette tendance et observe « une forte attaque » contre la classe ouvrière et les catégories sociales les plus vulnérables. Pour lui, le projet de loi est une étape de plus dans « l’affaiblissement des syndicats ».
Les manifestants espèrent que cette mobilisation sera le point de départ d’un mouvement national visant à s’opposer à ce projet de loi et à d’autres réformes qu’ils considèrent comme contraires aux intérêts des travailleurs. Leur objectif commun est de défendre leurs droits face à ce qu’ils perçoivent comme une menace croissante pour leur avenir et celui de la classe ouvrière marocaine.