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Les avocats paralysent les tribunaux du Royaume au premier jour d'une grève de protestation contre le ministre de la Justice

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Les avocats entament, dès ce vendredi 1er novembre, une grève générale et illimitée dans l’ensemble des tribunaux du royaume. Cette démarche, qualifiée de « montée en puissance » par l’Association des Barreaux du Maroc, comprend un boycott total des audiences civiles, pénales, commerciales et administratives, ainsi que de toutes procédures en vigueur.

Selon des sources, de nombreux avocats ont exprimé leur réticence à suivre l’appel de l’Association des Barreaux à une grève ouverte, dénonçant l’improvisation qui, selon eux, caractérise la gestion de ce dossier par l’Association.

Cette intensification de la mobilisation, précise un communiqué de l’Association, vise à protester contre certaines dispositions du projet de loi de procédure pénale conçu par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. En effet, les avocats avaient déjà mené des sit-in et des grèves d’avertissement dans les sections pénales pendant deux semaines.

Le maître Aicha Kelaâ, dans une lettre adressée au bâtonnier du barreau de Casablanca Mohammed Hissi, affirme que « les luttes pour la défense des droits et la protection des acquis se mènent de manière organisée et rationnelle, par la négociation audacieuse et intelligente, loin des décisions impulsives ou des règlements de comptes. »

Elle rappelle que « l’avocat et l’avocate choisissent une profession libérale pour garantir leur indépendance dans le cadre de la loi, et que leurs revenus proviennent de leurs clients sur la base d’un contrat de défense de leurs intérêts. Toute rupture de ce contrat constituerait une défaillance passible de sanction. »

L’avocate souligne que la décision de l’Association des Barreaux « ne l’engage pas légalement » et que son ordre est libre de ne pas la suivre, afin de préserver les droits des avocats et avocates et d’ouvrir la voie à des négociations avec les autorités législatives sur divers projets de loi, notamment la procédure civile, la loi sur la profession et le projet de loi de finances.

L’Association justifie sa position par le « manque de réactivité du ministre Ouahbi face à ses initiatives multiples à tous les niveaux, et sa volonté manifeste de s’en prendre au statut de la profession d’avocat. »

Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité parmi les avocats marocains. Plusieurs d’entre eux refusent de répondre à l’appel de l’Association, critiquant ce qu’ils qualifient d’improvisation dans la gestion du dossier.

En tête des opposants, les avocats de l’Ordre de Casablanca, avec à leur tête le bâtonnier Mohammed Hissi, rejettent l’appel à une cessation ouverte du travail. L’avocate fédérale Aïcha Kelaâ, également membre de cet Ordre, affirme son opposition à la décision, expliquant que son appartenance à l’Ordre ne l’engage pas à suivre les décisions de l’Association des Barreaux, dont elle n’est pas membre. Elle rappelle que la démocratie exige des décisions mûrement discutées au sein de l’Ordre de Casablanca, avec pour seule priorité la dignité de la profession et les intérêts de ses membres, et sans arrière-pensées politiques.

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