Le président américain Donald Trump a atterri ce mardi 13 mai 2025 à Riyad, marquant le début d’une tournée dans le Golfe qui s’étendra sur plusieurs jours et le mènera également aux Émirats arabes unis et au Qatar. Une tournée placée sous le signe des affaires, alors même que le locataire de la Maison Blanche semble conscient des limites des avancées diplomatiques sur les conflits majeurs du Moyen-Orient.
L’avion présidentiel « Air Force One » a touché le tarmac de Riyad vers 9h50, heure locale (6h50 GMT), escorté peu avant son atterrissage par des chasseurs F-15 saoudiens. Ce déplacement, prévu jusqu’au 16 mai, constitue la première visite officielle de Trump hors du territoire américain depuis le début de son second mandat, à l’exception d’un bref passage à Rome pour assister aux funérailles du pape François. Le bureau ovale a qualifié ce retour au Moyen-Orient d’« historique ».
Huit ans plus tôt, Trump avait déjà choisi l’Arabie saoudite pour sa première tournée présidentielle à l’étranger, immortalisée par une photo iconique autour d’un globe lumineux et une danse au sabre devenue virale.
Ce nouveau choix traduit une fois de plus sa volonté assumée de contourner ses alliés occidentaux traditionnels pour renforcer les liens avec les monarchies pétrolières du Golfe, désormais incontournables sur l’échiquier géopolitique mondial, et avec lesquelles il entretient des relations commerciales florissantes.
À la veille de cette tournée, Washington s’était déjà illustré par une série d’initiatives diplomatiques notables : un cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan, la libération d’un otage américano-israélien par le Hamas à Gaza, et une nouvelle session de négociations nucléaires avec l’Iran.
Autre surprise : Trump annonçait la semaine dernière un accord de trêve avec les rebelles houthis au Yémen, mettant un terme – du moins provisoire – à une campagne de frappes quasi-quotidiennes lancée deux mois plus tôt.
Mais le cœur de cette tournée sera sans doute économique. Riyad, Doha et Abou Dhabi préparent un accueil fastueux pour le milliardaire de 78 ans, avec des accords à la clé dans des secteurs clés : défense, aéronautique, énergie, intelligence artificielle…
« Le président est déterminé à initier un retour historique au Moyen-Orient », a déclaré Caroline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, affirmant que ce voyage visait à « promouvoir une vision où l’extrémisme recule face aux échanges économiques et culturels. »
Les pays du Golfe ont consolidé leur statut d’alliés diplomatiques majeurs au cours de la seconde présidence Trump. Le Qatar continue de jouer les médiateurs entre Israël et le Hamas, tandis que l’Arabie saoudite s’est imposée comme acteur central dans les pourparlers liés à la guerre en Ukraine.
À Riyad, Trump devrait rencontrer les dirigeants des six membres du Conseil de coopération du Golfe : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, Koweït et Oman.
Depuis plusieurs mois, des rumeurs circulaient sur cette visite. En janvier dernier, le prince héritier Mohammed Ben Salmane – dirigeant de facto du royaume et premier exportateur mondial de pétrole brut – avait annoncé son intention d’injecter 600 milliards de dollars dans le commerce et les investissements américains.
Trump, fidèle à son style provocateur, avait rétorqué : « Je vais demander au prince, un homme remarquable, de porter ce chiffre à un trillion de dollars. Je pense qu’il acceptera. Nous avons été formidables avec eux. »
Selon une source saoudienne proche du ministère de la Défense, Riyad entend profiter de la visite pour négocier l’acquisition de chasseurs furtifs F-35 de dernière génération et de systèmes de défense aérienne sophistiqués pour plusieurs milliards de dollars. « Nous exigerons que les livraisons aient lieu durant le mandat de Trump, en particulier pour les missiles de défense aérienne », a précisé la même source à l’AFP.
En revanche, la question d’une reconnaissance officielle d’Israël par l’Arabie saoudite ne devrait pas figurer en tête de l’agenda, le royaume réaffirmant qu’aucune normalisation ne sera envisagée sans la création préalable d’un État palestinien.
L’Iran, en revanche, occupera une place centrale dans les discussions, au lendemain d’une quatrième session de pourparlers à Oman ayant permis quelques avancées notables.
Autre sujet sensible : la dénomination du golfe séparant l’Iran de ses voisins arabes. Trump a récemment annoncé qu’il trancherait bientôt entre les appellations « golfe Arabe » ou « golfe des Arabes », en opposition frontale avec la terminologie « golfe Persique » défendue avec insistance par Téhéran.
En outre, la polémique enfle autour d’un projet de remplacement de l’actuel avion présidentiel par un luxueux appareil Boeing offert temporairement par la famille royale qatarie. Dans un message publié dimanche soir sur les réseaux sociaux, Trump a riposté aux critiques, qualifiant l’offre de « cadeau transparent et temporaire » qui pallierait le vieillissement d’un appareil vieux de quarante ans. Il a ajouté que cette transaction était « parfaitement publique et d’une clarté absolue ».