Le Maroc et la France poursuivent leur rapprochement après une crise sans précédent qui a atteint le vide diplomatique à l’ambassade du Royaume à Paris. Cette fois-ci, il s’agit du domaine militaire, avec la participation de la Marine royale marocaine et de son homologue française à des exercices conjoints en Méditerranée, simultanément à des manœuvres similaires entre les armées algérienne et russe.
L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a visité la frégate française « La Fayette », qui a accosté au port de Tanger dans le cadre de sa participation aux manœuvres « Chebec 23 », aux côtés de la frégate marocaine « Tarik Ibn Ziyad ». Cela coïncide avec l’arrivée de la frégate russe « Prince Grigory » dans le port d’Alger pour des exercices conjoints avec la marine algérienne, à partir de ce vendredi.
L’ambassade de France au Maroc a indiqué que Lecourtier s’était rendu avant-hier, mercredi, dans le port de Tanger pour visiter la frégate « La Fayette » dans le cadre de l’exercice militaire « Chebec 23 ». Le succès de cette opération conjointe entre la Marine Royale marocaine et la Marine française renforce la capacité opérationnelle mutuelle de nos armées amies, mettant en exergue le dynamisme de la coopération militaire entre le Maroc et la France qui ne date pas d’hier.
Pour sa part, le ministère français de la Défense a indiqué que les manœuvres « Chebec 23 », lancées le 20 novembre 2023, s’inscrivent dans le cadre d’une série d’exercices conjoints entre la Marine royale marocaine et la Marine nationale française. Les deux frégates précitées y ont participé aux côtés d’hélicoptères, dans le but de renforcer la coopération entre les deux pays et d’améliorer leurs compétences en matière de gestion de crise, de sécurité maritime et de sûreté. Les exercices comprenaient des simulations d’opérations militaires sous-marines, anti-aériennes et anti-surface, ainsi que des opérations de déminage par des plongeurs.
Le rapprochement militaire entre le Maroc et la France, après la crise entre les deux pays, a été mis en exergue fin septembre dernier, lorsque le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Administration de la Défense nationale, Abdellatif Loudiyi, a assisté à la cérémonie d’hommage aux soldats marocains ayant participé à la libération de la Corse pendant la Seconde Guerre mondiale, présidée par le président français Emmanuel Macron, avec lequel il s’est entretenu.
La chaleur est revenue dans les relations maroco-françaises après l’accueil du nouvel ambassadeur de France à Rabat, après une attente depuis décembre 2022. La nomination de Samira Sitail comme ambassadrice du Maroc à Paris après 9 mois de vacance diplomatique depuis la fin des fonctions de l’ancien ambassadeur Mohamed Benchaaboun le 19 janvier 2019, devenu directeur général du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.
Lors de sa première sortie médiatique après la remise de ses lettres de créance au roi du Maroc, via Radio 2M, Lecourtier a montré des signes positifs indiquant la volonté de la France de réparer ses relations avec le Maroc. Il a regretté la décision de son pays de réduire le nombre de visas accordés aux citoyens marocains et a condamné l’attaque des médias français contre le Royaume et son monarque pour le refus de Rabat d’accepter l’aide offerte par Paris lors du tremblement de terre d’Al-Haouz.
Concernant la question du Sahara, Lecourtier a déclaré que la France est consciente depuis longtemps de la priorité accordée par le Maroc au dossier du Sahara, mais qu’il y a parfois une sorte de « procès injuste » qui émet des appréciations inexactes de la position française. Il a souligné que cela a amené l’ambassadeur de France aux Nations Unies à clarifier les choses récemment, en confirmant que depuis la proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara en 2007, la France a été à ses côtés, considérant ce soutien comme « historique ». Il a ajouté que la position de Paris a toujours été très claire.
L’ambassadeur de France a souligné que son pays ne s’est pas contenté de réitérer son soutien historique à la proposition marocaine, mais qu’il faut maintenant « aller de l’avant », comme l’avait souligné son représentant aux Nations unies avant la dernière résolution du Conseil de sécurité. Il a ajouté que Paris est engagé dans la dynamique marocaine de développement des provinces sahariennes, accompagnant Rabat à travers un dialogue constant jusqu’à ce que le plan marocain devienne le plus présent au niveau international.